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Jo Prestia, l’homme aux mille et une vies !

Qui est Jo Prestia ? À cette question, les uns répondront : un boxeur, et pas n’importe lequel, puisqu’il a été triple champion du monde de Muay Thai (boxe thaïlandaise), d’autres répondront un acteur de talent. Retour sur le parcours d’une personnalité aussi atypique que sympathique.

Dans le sud de l’Aisne, il est surtout connu pour son côté sportif puisqu’il a introduit sa discipline à Château-Thierry où il a créé l’association Team Prestia Muay Thaï. Présidé aujourd’hui par Alain Reluquer, le club castel est ouvert à la compétition mais aussi à une pra- tique de loisir. Au gymnase Brise Bêche où se déroulent les entraînements, les enfants, à partir de 6 ans, adultes, féminines com- posent un effectif d’une centaine de licenciés. Et c’est pour ses filles, notamment pour Carolina, que Jo est devenu instructeur. « En grandissant, elle voulait s’initier à la boxe thaï. Je me suis dirigé vers un club local, l’entraîneur voulait arrêter et il m’a demandé si ça ne m’intéressait pas de reprendre. Pour que ma fille puisse pratiquer, je me suis dit que j’allais essayer d’entraîner ». Il ne le regrette pas. « On dépasse cette année les 80 licenciés, ce qui n’est pas mal pour Château-Thierry. Nous avons eu des titres de champions ». Et puis « pratiquer le sport enseigne beau- coup de valeurs comme le respect, le travail… » Un essai fructueux donc, comme d’autres auparavant.

Un boxeur légendaire
Débarqué avec sa famille sicilienne dans le Nord de la France, au début des années 70, il lui faut se battre pour affirmer son identité. « Je ne parlais pas français et tous les jours, c’était dur, autant à l’école que dans les rues. En plus, j’aimais bien la castagne » sourit Jo. Mais ce n’est qu’à 16 ans qu’il se décide à enfiler les gants. « On l’avait déjà fait avec les copains, mais là c’était dans un club de boxe anglaise ». Avant de pousser la porte du Boxe Thaïe d’Escautpont. Là, José Her- nandez, son premier professeur, se dresse devant lui. Et c’est avec cet homme de caractère qu’il forgera le sien. « Très vite, après, j’ai commencé à vouloir aller boxer en Thaïlande. Quand tu fais de la boxe thaïe, tu n’as qu’un rêve, c’est d’aller là-bas. Mais il faut bosser comme un dingue. Sans le travail, tu n’es rien » reconnaît le cham- pion. Avec une détermination sans faille et une combativité exceptionnelle, Jo Prestia devient en 1990 le premier Français champion du monde de boxe thaïlandaise en battant le célèbre boxeur, Somsong. Avant cela, il avait été champion de France (1985) puis trois fois champion d’Europe (87, 88, 89).

Du ring aux planches
S’il a pris sa retraite sportive au mi- lieu des années 90, après un troisième titre de champion du monde, Jo Prestia, aujourd’hui, partage son temps entre l’enseignement, la Fédération française de Muay Thai (AFMT) qu’il a créé en 2014 et le cinéma. « Le fait d’être boxeur ne m’a ouvert aucune porte. Les portes, je les ai ouvertes avec le travail » lâche-t-il avec détermination. Sa carrière sportive terminée, il prend donc des cours de théâtre chez Jacques Waltzer qui enseigne selon la méthode de l’Actor Studio. (ndlr – assez connue et utilisée par la plupart des acteurs pour rendre leur performance plus réaliste et leur personnage plus convaincant, cette technique consiste à puiser dans sa propre expérience pour nourrir son jeu d’acteur). Sa “gueule” de mauvais garçon en fait alors l’un des acteurs les plus prisés par les réalisateurs des films de genre, allant du policier (36 Quai des Orfèvres, 2004) aux films d’horreur (Les morsures de l’aube, 2001, Calvaire, 2005). Se distinguant la plupart du temps dans des rôles secondaires, il participe aussi à des séries télévisées comme Commissaire Moulin ou Avocats & Associés. Incarnant souvent des loubards, petites frappes et autres malfrats, il s’amuse également à les caricaturer dans des comédies (Madame Irma, 2006, Le Mac, 2010). Ces rôles ne l’empêchent pourtant pas d’adopter une certaine gravité comme chez Eric Zonca (La Vie rêvée des anges, 1998, Le Petit voleur, 2000) et surtout chez Gaspar Noé (Irréversible, 2002) où il joue une épouvantable scène de viol avec Monica Bellucci.

Il rajoutera une corde à son arc en devenant organisateur en 2004 avec Ali Ouagueni pour le fameux “Muaythaï Tournament” au Zénith de Paris. On peut dire que Prestia a eu une des plus belles reconver- sions qu’un sportif de haut niveau puisse avoir. Et cela, il le doit à sa rage de vivre, la même qu’il avait sur les rings ●

Queen Gloves, le Muay Thaï 100% féminin
Térésa Prestia, la femme de Jo Prestia, est la créatrice d’un grand show de Muay Thai 100% féminin, le Queen Gloves, qui a pour ambition de promouvoir la pratique de la boxe thaï féminine en France. Mais aussi et surtout, de lutter contre les violences faites aux femmes.
Le Samedi 17 décembre prochain, à partir de 13h au Palais des Sports de Chateau- Thierry, aura lieu la 4e édition du Queen Gloves dans un show inédit mêlant style, élégance et puissance et où les coups des combattantes résonneront dans toute la ville castelle.
Places limitées. À partir de 10€. Réservez dès maintenant sur www.afmtevents.com

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